Les trois dynamismes fondamentaux pour aimer, louer et adorer Dieu

1. Introduction

     Croire est un besoin nécessaire pour que l'être humain puisse vivre. Cette idée d'épanouissement de l'homme, le psychologue américain Abraham Maslow en fait état en 1943 dans son ouvrage intitulé “ A Theory of Human Motivation”. Son idée, bien qu'elle soit remise en cause aujourd'hui, est qu'un besoin inférieur comblé fait surgir un autre besoin supérieur à satisfaire. Ce qui l'amena à hiérarchiser ces besoins en proposant une pyramide. Ainsi, l'homme se trouve devant un  double choix de suivre ces désirs selon la conception maslowienne ou se laisser guider par la Parole de Dieu, pour être comblé. Le premier point de ma réflexion consistera donc à définir ce que sont les dynamismes fondamentaux. Le second volet de mon analyse tentera de montrer que ces dynamismes sont l'oeuvre de Dieu par l'intermédiaire du Saint Esprit opérant en nous. Ils doivent, par voie de conséquence, être utilisés pour servir, louer et aimer le Christ.

Pyramide des besoins de maslow svg

 

 

 

 

 

 

 

 

2. Les trois dynamismes fondamentaux au service de Dieu.

1.1 Définition

   En chacun de nous cohabitent deux dimensions de notre être: l'une physique, l'autre spirituelle. Cette dualité chez l'homme et sa vie fait partie du projet divin. Nous devons avoir à l'esprit ce point fondamental.  La Bible établit donc une claire distinction entre l’origine du corps, la poussière du sol, et celle de l’âme, le souffle de Dieu. L’interaction des deux fait que l’homme est un être vivant. D’autres passages de la Bible corroborent cette double origine2 L’homme, corps et âme, trouve son unique origine en Dieu. Ainsi la poussière du sol, la terre évoque chez l’homme tout ce qui a trait à sa vie terrestre alors que le “souffle” émis dans ses narines de l’homme, lors de la Création, fait de lui une créature de Dieu. Dans sa quête perpétuelle du bien, l’être humain, de ce fait, est à l’écoute de ce que la nature lui demande et de quelle façon, il doit y répondre. Il se trouve dans cette position de rechercher tout ce qui peut conserver sa vie comme aussi de s’éloigner de tout ce qui peut lui être opposé. Le premier dynamisme concerne nos besoins de bases d’ordre physiologique qui concourent à la conservation et à la préservation de l’espèce. Le deuxième dynamisme situe le rapport entre l’homme et la société. Ce qui le distingue de l’animal, c’est ce besoin de l’homme pour se construire, d’évoluer parmi d’autres semblables. “Dans sa solitude coupée des hommes, Robinson Crusoé constate que l’homme est un être de discours et de langage3 ” Ce constat est également partagé par Concile Vatican II4. L’homme est un être social. Mais cette qualité n’est pas innée. C’est au contact des autres que l’être humain peut s’épanouir. L’inclination à vivre au contact des autres incite l’homme à une double recherche : la recherche du bien et la juste répartition des biens du monde. Le troisième dynamisme est ce besoin de l’homme de répondre à des questions d’ordre ontologique ou existentiel, de vivre des valeurs. En somme, il est toujours en quête de vérité. Nous détenons de Dieu, ces trois dynamismes, sous forme de dons gratuits. Cependant la question qui s’impose est de se demander à quoi destinons- nous ces biens ? Satisfaire nos désirs quotidiens ou les utiliser pour servir Dieu ? 

   L’être humain est confronté à cette double interrogation qui est, soit de satisfaire ces désirs terrestres, soit de vivre en conformité avec la Parole du Christ. Dans le premier cas, les trois dynamismes fondamentaux doivent faire face à la convoitise ou à la concupiscence. Concupiscence est un dérivé du verbe “cupere” qui signifie littéralement «désirer ardemment». Pour le Catéchisme de l’Eglise Catholique, elle est la conséquence de la désobéissance du péché originel. Dans la Bible, le regard que David5 porte sur Bethsabée est significatif de ce penchant de l’homme à convoiter ce qu’il ne lui appartient pas. Le roi Achab n’a- t-il pas, par convoitise provoquer l’assassinat de Naboth6 ? Cette convoitise nommée par Saint Jean “ ce qui de beaucoup est le meilleur » oriente le deuxième dynamisme fondamental vers la satisfaction de nos intérêts personnels au détriment des biens communs et la juste répartition de ces biens.

    Dans la Bible corps désigne la chair. La chair prend des acceptions différentes. Au sens physique, la chair désigne la partie de l'être humain et des animaux. Nous pouvons retrouver ces significations dans   1Corinthiens 15: 39 " Toute chair n'est pas la même chair; mais autre est  celle des hommes; autre la chair des animaux."  Dans Philippiens 1: 24,22 il est dit : " Mais s'il est plus utile pour mon oeuvre que je vive dans la chair, je saurai dire de quoi je dois préférer. Je suis pressé des deux côtés: je désire m'en aller et d'être avec le Christ, ce qui de beaucoup est le meilleur; mais à cause de vous, il est plus nécessaire que je demeure dans la chair."  La question de la condition de l'humanité de l'homme dans son corps sur terre intègre cette définition. A titre d'exemples nous pouvons citer Jean 1: 14 " Et  la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité et nous avons contemplé sa gloire, et une gloire comme le la gloire du Fils unique venu du Père" ou encore Romains 9:3 " Car je voudrais être moi-même anathème et séparé du Christ par mes frères, mes parents selon la chair"

   La chair dans dans le sens moral, depuis le péché d'Adam, le principe du mal existe chez l'homme naturel et  conduit au péché. Ce principe ne fait pas partie de l'humanité parfaite du Christ. Ces passages de la Bible illustrent bien cette acception du mot chair. Dans Galates 5, 19 , Saint Paul affirme que" Les oeuvres de la chair sont manifestes" et dans le verset de ce même épitre, il déclare que :" Celui qui sème pour sa propre chair moissonnera de la chair de la corruption' .

La chair peut incliner l'être humain vers le mal. Elle trouve ses racines dans les besoins fondamentaux de l’homme. En effet, l’homme est prisonnier de sa chair. C’est en elle que se situe la révolte contre Dieu. Sans le secours de la grâce sanctifiante, l’homme ne peut lutter contre les passions qui le dévastent. Toute sa vie, il se trouve confronté au choix  libre- arbitre : choisir Dieu ou ne pas le choisir. Le premier comportement consiste à écouter ses sens qui parlent plus fort que son esprit. Il peut, par exemple, se laisser dominer par la chair. C’est ce que Saint Paul appelle le Vieil Homme7.Dans la pensée paulienne, Saint Paul différencie le corps de la chair. Le corps est “le temple de l’Esprit Saint” et en tant que tel, il fait l’objet de respect total. C’est ce que Saint Paul appelle la sanctification. L’homme peut faire le choix de ce que la Bible appelle une “nouvelle naissance8. Dès lors, il devient une “nouvelle créature”9. Toutefois, être un Homme Nouveau, ne signifie pas que notre ancienne nature a disparu10 ). L’homme a en lui, à la fois cette capacité à vivre selon les Commandements du Seigneur mais aussi cette inclination à pêcher. Le dynamisme naturel n’a rien de répréhensible car il n’est pas atteint par le péché originel. Il conserve son orientation fondamentale vers Dieu. Mais quand la convoitise le corrompt, l’homme ne satisfait que ses besoins égocentriques, ce dynamisme a besoin d’être soutenu. Dieu, dans sa grande miséricorde, agit en l’homme par la force opérante du Saint Esprit. Grâce aux vertus théologales qui sont la Foi, l’Espérance et la Charité, l’homme se convertit.


 

3. Conclusion

     L’homme a été créé à l’image de Dieu. Il en résulte une motivation à ce à quoi le croyant est destiné : la gloire de Dieu dans l’obéissance à Dieu avec des relations constructives avec les autres. Malheureusement, les besoins énormes du moi deviennent trop souvent des sources de motivation essentielles pour l’homme. Or, ce n'est que libérés de nos besoins d'appartenance (le besoin d’appartenance ne disparait pas mais trouve son orientation finale dans l’appartenance à l’Eglise), d'amour et de puissance que nous pouvons nous mettre à la disposition de Dieu et au service de nos semblables. "Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus Christ pour de bonnes oeuvres, que Dieu a préparées d'avance, afin que nous les pratiquions" (Ephésiens 2 : 10). La spiritualité chrétienne est irriguée par la vie théologale de foi, d’espérance et d’amour, laquelle vie théologale est son souffle porteur, son chant et son climat. L’Esprit Saint, Esprit de Jésus, est le maître de notre « vie spirituelle ». Par lui, il nous est donné de prier selon le coeur de Dieu, de mener une vie selon l’esprit, opposée à la vie selon la chair. L’Esprit de force nous est donné pour rendre témoignage au Christ, l’Esprit d’intelligence et de sagesse pour scruter le mystère de Dieu ainsi que ses lumineux ou impénétrables desseins. A cet effet, l’Esprit Saint distribue ses dons à chacun pour le bien, la croissance et l’harmonie du corps tout entier.


 

Références

1 Genèse 2,7

2 1Corinthiens 15, 45

3 Robinson Crusoé dans Vendredi ou les Limbes du Pacifique , Michel Tournier

4 Concile Vatican II“ De part sa nature profonde, c’est un être social et sans relation avec autrui, il ne peut vivre ni épanouir ses qualités”

5 2Samuel, chapitres 11-12

6 1 Roi 21,1-29

7 Epître de Paul aux Galates 5,19-21

8 Epître aux Romains 10: 17

9 2 Epître de Paul aux Corinthiens5 :17

10 Romains 7:23


 


 

Bibliographie

1 . Frère Marie Philippe DAL BO, Vie spirituelle et affective

2 . Abraham MASLOW, Theory of Human Motivation”, 1943

3 . Concile Vatican II

4 . Nouveau Testament, 2 Epître aux Corinthiens

5 . Michel TOURNIER, Vendredi ou les Limbes du Pacifique

                                                                                                                                                  Dscf4865

Date de dernière mise à jour : 28/05/2025

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